Le malheur de ne plus t'aimer
D'avoir les yeux, le coeur, séchés
De n'avoir rien d'autre à t'offrir
Qu'un bouquet de fleurs du passé
Chien perdu dans ce gris Paris
J'erre par les soirées polaires
Cherchant partout un regard ami
Pour accrocher mon coeur lunaire
Et je traîne, chien discourtois
Mais gentil, et rose à la gueule
Un baiser, le ciel est à moi
Un mot mauvais, je suis en deuil
La ville n'est qu'un gros sanglot
Dans les ruelles des souvenances
De ma passion tombée à l'eau
Depuis, je n'ai plus de dimanches
Je n'attrape plus les étoiles
Mon filet à ciel est troué
Mon coeur, sans l'amour dans ses voiles
Ne chante que pour ne pas pleurer
Et j'use mon temps, je promène
Mes rêves à court de provisions
Dans les rues de Paris qui sont
Des cercueils autour de ma peine
L'amour et ses mille baisers
Brûlants, glacés, comme la neige
À mon si dur besoin d'aimer
N'offre plus que faux sortilèges
Ma tête est une chambre noire
Aux murs tapissés de tes traits
Jusqu'à la mort de ma mémoire
Jamais, hélas, ne t'oublierai
Depuis des ans le deuil je porte
L'un de l'autre étions le bourreau
À tort ou à raison, qu'importe
Tour à tour jouions du couteau
J'ai aux lèvres un oeillet fané
Je me traîne de porte en porte
En mon Paris suis étranger
À cause de ma passion morte
